Bienvenue Ă  bord.

Qui que tu sois tu fais partie de la famille, de par ton sang ou de par l’eau de mer qui coule en toi.

Mon nom est Gavroche. Ce nom me plait plutôt bien. Il m’a été donné par mes nouveaux propriétaires, belge pour elle, et français pour lui. C’est la raison pour laquelle je porte un prénom de garçon. De l’autre coté du Chanel je serait une fille.

J’ai vu le jour en 1980 en France dans le nord au chantier Wauquiez. Je fais parti des 139 Amphoras construits entre 1976 et 1981. Tous mes frères sont des ketchs. Nous ne sommes que trois a être grées en sloop, avec en plus un étais largable.

Suite à une annonce vue sur Voiles et Voiliers mes nouveaux propriétaires m’ont découvert séchant littéralement sur un ber depuis quatre années à Port Saint Louis du Rhône.

Presque laissé à l’abandon par mes propriétaires anciens qui faute de moyen me laissait me faire squatter régulièrement et piller petit à petit.

Le jour de la première visite (le 24 juin 2007) je me rappelle encore les rĂ©flexions de mes nouveaux acquĂ©reurs :

« En deux ans de recherche et plus de 150 bateaux visitĂ©s, c’est le plus sale que nous ayons vu. De rajouter tout de mĂŞme peu de temps après : c’est quand mĂŞme le plus grand en capacitĂ© de rangements Â»

Ils sont bien restĂ©s 3h a me fouiller de fond en comble, photographiant chaque recoin de mon anatomie. Près de 400 photos ! Un bon truc pour ne rien oublier et retrouver plus tard un dĂ©tail oubliĂ©.

Ils étaient quatre ce jour là. Je me rappelle encore de la jeune femme de son fils qui essayait de rivaliser avec moi en rondeur !!!! La différence c’est que moi c’est à vie….

Le lendemain ils sont revenus à deux cette fois. Même scénario à fureter de partout.

Quelques mois plus tard je les ai tous revus plus deux autres personnes : sa fille Ă  lui avec son homme.

Tout le monde flattait mes formes extérieures… A la façon de passer sa main sur mon étrave et sur mes hanches j’ai compris qu’ils avaient le coup de foudre.

Au mois d’aoĂ»t je les ai revu avec les anciens propriĂ©taires, il m’ont mĂŞme permis de retrouver mon Ă©lĂ©ment : l’eau. Je montrais de quoi j’étais capable, j’espĂ©rais vraiment qu’ils me sortent de là….

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Presque une annĂ©e s’était Ă©coulĂ©e, j’ai vu arriver son fils, avec sa femme qui avait abandonnĂ© la concurrence avec moi, elle Ă©tait plate comme une limande ! J’avais gagnĂ© ! Au gazouillis dans la voiture garĂ©e près de moi je compris qu’elle s’était dĂ©doublĂ©e.

Je vis arriver la grosse grue du chantier, celle qui m’avait mis Ă  l’eau !

A l’affairement autour du mat je compris que cette fois je n’irais pas Ă  l’eau. Ils ont mĂŞme enlevĂ© les bossoirs !

Ils ont retiré mon mat, avec la grue. Aux gestes du garçon je compris que je n’irais tout de même pas à la casse.

Elle, elle me prenait encore en photo !

J’étais devenu une star. Ils sont partis tard le soir me laissant tout démonté…

Le lendemain je vis arriver un gros camion avec une remorque. J’allais voyager, chic ! Bon j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© ĂŞtre sur l’eau, mais après tout l’important Ă©tait de partir d’ici. J’ai mis près de deux jours pour arriver dans un port ou les gens n’avaient pas vraiment le mĂŞme accent ! Dunkerque, le nom du port.

Il y avait moins de poussière. Au moins eux, ils m’ont tout de suite mis à l’eau.

Ils étaient tellement pressés qu’ils n’ont même pas mis mon mat… Je n’ai pas bien compris…

Je me suis retrouvĂ© Ă  un vrai ponton, les autres bateaux me snobaient un peu, du style : « T’as pas perdu quelque chose ? »

Le dimanche soir je les ai reconnu tout de suite, ils arrivaient avec un tas de trucs et de machins pour me récurer me nettoyer.

Une sorte de grosse brosse Ă  dent jaune « Un karcher Â»

                               Sur le pont mon bois fut récurer par elle, même mes planchers de cockpit furent récurer sur le ponton. Lui pendant ce temps passa trois à quatre heure à m’opérer. J’étais comment dire, un peu, beaucoup constipé. Il me mis même un morceau tout neuf d’intestin, un vrai bonheur…

Elle entrepris de nettoyer la cambuse de fond en comble, ce qui n’avait pas Ă©tĂ© fait depuis au moins ….cinq annĂ©es ! Tout les week end durant plus d’un mois ils venaient et chaque fois je devenais de plus en plus propret.

Un dimanche ils firent mine de partir, mon moteur après quelques minutes de chauffe s’arrêta d’un coup. Il fallu attendre le lundi pour me faire réparer.

Je croyais que nous allions partir, ben nom ils disaient : « Trop tard, trop court pas assez de temps Â» plus tout un tas de noms d’oiseaux que je ne connaissais pas !

Le we d’après je les ai vu arrivé accompagné d’un garçon a l’air sympa, ils mangèrent à bord et dormir. Au matin après avoir fait resserrer l’antenne qui ressemblait à la baguette de Merlin l’enchanteur ils partirent du port.

J’allais enfin retrouver mon Ă©lĂ©ment !

J’étais très fier de voir tous ces gens des autres bateaux me regarder partir.

Il y avait dehors un petit vent de demoiselle un beau soleil, un ciel d’un beau bleu. Bon c’est vrai la couleur de l’eau locale, c’était pas ça…

Mais bon, je naviguais !

Le soir nous nous sommes arrêté à Blankenberge, une fille sympa nous attendait.

                               Ils semblaient se connaître depuis longtemps.

Elle est venu me rendre visite, a trouvĂ© que j’étais grand !

                               Mais non pas gros !!!

Quand nous sommes reparti au matin j’avais sur bâbord sous les barres de flèche un joli pavillon : Hisse HĂ©o,

(Une secte ?) Non il parait que c’est une taverne oĂą tout le monde peut venir. Chacun y amène ses idĂ©es discute avec les autres, parfois aussi l’ambiance est très chaude, ça vole dans tous les coins, un saloon quoi ! Dehors il n’y a pas de chevaux rien que des bateaux des grands, des petits, des planches Ă  voile, des moteurs. Bref c’est une grande rĂ©union de fou furieux, des passionnĂ©s de tout ce qui touche Ă  la mer des grosses unitĂ©s lointaines aux pop pops bien sympathiques.

Il y a rĂ©gulièrement les sujets qui fâchent rouge qui reviennent sur les tables. Parfois un type sorti de nulle part vient faire « son mariol Â»

Des moments d’anthologie !!! Comme dit la pub : « Attention talent !)

Il y a aussi un atelier chacun y vient expliquer aux autres comment il a fait pour rendre son navire plus beau, plus grand, plus plus. Incroyable le savoir faire de tout ces gens. En même temps personne ne se prend au sérieux. On est parfois surpris de voir untel faire le pitre et voir que c’est un grand père un peu grisonnant tout a fait respectable…

Un autre qui tient en halène toute une soirĂ©e son auditoire Ă  monter un « bateau Â» Ă©norme !! Bref un endroit ou tout le monde peut venir et apprendre plein de trucs et astuces diverses, Ă©changer avec les autres, partager son savoir.

Il y a comme dans tout navire un Ă©quipage qui est continuellement en veille, il ne s’agit pas de dĂ©river !

Et, bien sur un capitaine : Tom.

Mélange de discrétion et d’efficacité, un garçon qui doit être fier de ce qu’il a créer, qui parfois doit se faire des cheveux blancs…. Je crois savoir qu’il est bien secondé par quelque comparses qui ne font pas spécialement partis su staff mais qui sont là en veille.

Pour revenir Ă  moi,

Ils ont mis encore un autre joli petit pavillon Ă  tribord se coup ci.

Lui, il la reprend toujours parce qu’elle dit : « Pavillon de complaisance Â»

Non : de COURTOISIE !!!! Il parait que c’est la Belgique.

A l’arrière le pavillon National est tellement grand qu’il astique les bossoirs et les supports des panneaux solaires.

Il parait que c’était du temps où en France on parlait football…

Moi je m’en fiche un peu, c’est vrai qu’en Hollande, pardon en Zeeland les bateaux arborent fièrement des pavillons encore plus grands ! Les mĂŞmes couleurs pas placĂ©es pareilles. Le fin du fin : avoir ses couleurs qui frĂ´lent l’eau sans jamais mouiller, tout un art !